Patrimoine numérisé

Histoire de la bibliothèque

Les origines

Comme nombre de bibliothèques municipales classées, la bibliothèque de Boulogne-sur-Mer est héritière de la Révolution Française. D’abord bibliothèque de l’Ecole Centrale du département (inaugurée en 1798), elle est placée sous l’administration de la ville en 1803. Classée pour l’importance de ses fonds, elle est aujourd’hui l’une des plus riches de la région.

Vue du momnument Mariette dessiné par V-J. Vailalnt à la fin du 19e siècle

P.-Cl. Daunou et J.-B. Isnardi, deux oratoriens à l’origine de la bibliothèque.

C’est grâce à l’influence de Pierre-Claude Daunou (1761-1840) que la ville de Boulogne-sur-Mer est aujourd’hui dotée d’une bibliothèque si importante. Eminent membre de la Convention, ardent défenseur de l’Instruction Publique, Daunou privilégie Boulogne, sa ville natale, au détriment d’Arras pour siège de l’Ecole centrale du département du Pas-de-Calais. Conçues par le Comité d’Instruction Publique (Loi du 25 février 1795 puis Loi Daunou du 25 octobre 1795), ces écoles centrales représentent une véritable rupture avec le système éducatif d’Ancien Régime. Bien qu’éphémères (elles sont supprimées en 1802), elles fondent les bases de l’enseignement secondaire à venir : on y apprend les sciences humaines et exactes, les lettres et les arts. Elles disposent d’une bibliothèque, d’un jardin et de cabinets d’histoire naturelle et de sciences expérimentales.

C’est à Jean-Baptiste Isnardi, professeur de sciences, que nous devons la constitution des premières collections. Homme des Lumières, ancien oratorien, son choix se fait parmi les bibliothèques confisquées aux congrégations religieuses et aux émigrés : 9 000 imprimés, une centaine de manuscrits médiévaux et d’incunables, qui lui paraissent composer une « bibliothèque idéale » : arts, littérature, droit et théologie mais aussi sciences et techniques, ces deux dernières matières étant largement dispensées dans les Ecoles Centrales. 

L’originalité du fonds ancien de la bibliothèque s’explique par la sélection opérée par cet esprit scientifique qu’était Isnardi. L’on retrouve dans le choix de ces ouvrages, « l’esquisse d’une bibliothèque idéale du philosophe où le savoir, la raison et le goût s’y équilibrent » (Louis Seguin). Des livres de sciences sont présents au même titre que les livres de théologie, de droit, de lettres, d’Art et d’Histoire. Les premières acquisitions du 19e siècle se sont d’ailleurs concentrées autour de ce même équilibre. C’est pourquoi ce fonds patrimonial, par rapport à d’autre bibliothèque classée, est d’une grande cohérence. Il est le produit, non pas d’une accumulation ou « l’ordinaire noie le meilleur », mais d’un choix juste et sage.

Au 19e et au 20e siècle, les collections s’enrichissent notamment grâce à la générosité des donateurs. Durant la Belle Epoque, il est de bon ton chez les notables de contribuer au développement des établissements culturels. Aujourd’hui, les conservateurs ont à cœur d’enrichir les collections originelles, en particulier celles liées au monde de la mer et au fonds boulonnais.

Aujourd’hui, la bibliothèque de Boulogne est l’une des plus riches de la région : des archives sur des personnalités telles qu’A. Angellier, les frères Coquelin, P.-C. Daunou, C. Enlart, E. Hamy, A. Mariette, Jehan Rictus, Ch.-A. Sainte-Beuve, V. Hugo... y côtoient près de 150 000 livres conservés en magasins, des milliers de pages de manuscrits (le plus ancien datant du 7e siècle) et de documents graphiques (photographies, dessins, gravures, cartes et plans, etc.).

Les locaux occupés par la bibliothèque

  D’abord placées avec l’Ecole Centrale dans les murs de l’ancien Grand Séminaire, Grande Rue, les collections de la Bibliothèque furent déplacées pendant le Camp Boulogne. Les locaux du Séminaire avaient été réquisitionnés pour être transformés en hôpital militaire. On donna dix jours à Isnardi pour déménager les livres jusqu’au premier étage de la sous-préfecture. Ce bâtiment inadéquat nécessitant de nombreux travaux, la bibliothèque fut rapidement installée dans une maison appartenant à A. ADAM, rue des Minimes [ensuite Rue Neuve-Chaussée, puis Adolphe Thiers]. Ces locaux furent occupés pendant quatre années après la levée du camp.

En 1830, la ville obtenait de l’Etat l’autorisation de réoccuper le Grand Séminaire où furent établis le Collège des garçons et le Musée de la ville. Les collections de la bibliothèque y furent de nouveau déposées, jusqu’en 1912. A cette date, la ville fit l’acquisition de l’hôtel Chanlaire, au 103 de la rue Félix Adam (actuellement Ecole Municipale d’Arts) où la bibliothèque fut transportée.

Enfin, en 1975, elle intégra le bâtiment des Annonciades entièrement rénové, déménagement orchestré par le conservateur Louis Seguin.